Dermatologie pratique



 

Docteur Catherine PANNEQUIN

 

Du fait de la démographie médicale, le nombre de dermatologues va diminuer dans les années à venir (de 3 000 actuellement à 2 000 dans les 10 ans). Le médecin généraliste (mg) sera donc de plus en plus sollicité pour diagnostiquer et traiter les lésions cutanées.

 Au cours de cet atelier, nous envisagerons quels gestes dermatologiques simples et sans risque, il peut réaliser à son cabinet et quelles sont les lésions tumorales sont à dépister et à adresser au dermatologue. Nous aborderons aussi les messages de prévention solaire à faire passer auprès des patients.

A/ Ce que le mg peut brûler.

Nous parlerons essentiellement de la cryothérapie, qui est une méthode rapide, maniable et efficace. Cependant, elle ne permet pas de contrôle histologique, il faut donc être sûr de son diagnostic avant de la mettre en œuvre.

Après un rappel sur les matériaux utilisables (azote liquide, histofreezer…), leur coût et la technique, nous illustrerons en photos cette méthode. Verrues, kératoses séborrhéiques, mollusca pendula et contagiosa peuvent être traités par cryothérapie. Il faut éviter certains pièges diagnostiques comme les exostoses sous-unguéales par exemple. Lentigos et kératoses actiniques nécessitent par contre une expertise dermatologique, pour le premier pour éviter une cicatrice, pour le second pour ne pas méconnaître une dégénérescence en carcinome épidermoïde.

B/ Ce que le mg peut enlever.

Curetage, section à la lame de bistouri, ou électrocoagulation, ici encore nous passerons en revue le matériel utilisable. Nous rappellerons les techniques d’anesthésie locale, notamment « les petits trucs » avec les crèmes anesthésiantes.

Mollusca contagiosa et pendula sont des lésions que le mg voit quotidiennement et qu’il peut prendre en charge. Les grains de milium, les kératoses séborrhéiques peuvent être également facilement enlevés.

Pour les amateurs de chirurgie dermatologique, les kystes sébacés et tricholemnaux, ou loupes, peuvent faire l’objet d’exérèse sous anesthésie locale à la xylocaïne injectable.

Toutes les autres lésions comme naevus, histiocytofibrome, carcinome… doivent être prises en charge par le dermatologue car une exérèse avec contrôle histologique s’impose.

C/ Ce que le mg doit dépister.

Le rôle du mg est essentiel dans le dépistage précoce des cancers cutanés. Il est au premier rang quand un patient consulte pour « un bouton qui ne guérit pas » ou lorsqu’il découvre fortuitement une tumeur noire lors de son examen clinique.

Il doit être particulièrement vigilant avec les populations à risques, dont nous rappellerons les caractéristiques, et reconnaître les signes d’alerte des carcinomes, notamment basocellulaires qui sont en constante augmentation, et des mélanomes, car la survie des patients est principalement liée à la précocité du diagnostic. Les règles ABCDE et « du vilain petit canard » sont toujours de mise, et nous reviendrons sur leurs critères.

La prise en charge des kératoses actiniques, avec la notion de champ de cancérisation qui a fait jour depuis quelques années, est également importante. A ce propos, nous ferons une mise au point sur les messages de protection solaire que nous devons délivrer à nos patients.

En conclusion, cet atelier permettra de reconnaître les lésions que le mg peut enlever sans risque au cabinet et comment procéder. Le seul impératif avant d’agir, est que le diagnostic soit sûr et précis.

Par ailleurs, le mg est un maillon essentiel dans le dépistage du mélanome, la règle ABCDE est un moyen simple et de bonne sensibilité qu’il faut connaître.

Enfin, l’exposition solaire est un facteur de risque indiscutable des cancers cutanés et c’est le seul que l’on puisse modifier. Il est donc essentiel que mg et dermatologue tiennent le même discours vis-à-vis de la protection solaire.