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La cheville : prise en charge globale des entorses

La cheville : prise en charge globale des entorses
Pour que la cheville redémarre !
Dr Alexis THIOUNN - Lesquin

1. ENTORSE DE LA CHEVILLE
Le traumatisme ostéo-articulaire le plus fréquent est l’entorse de cheville avec environ 6000 cas par jours en France.

Définition
Une entorse correspond à une lésion ligamentaire qui peut être classifiée en différents stades :
  • • bénigne = étirement du ligament
  • • moyenne gravité :rupture ou désinsertionpartielle du ligament
  • • grave : rupture ou désinsertion complète du ligament
Elle est le plus souvent consécutive à un traumatisme en varus équin (cheville qui tourne vers l’intérieur)

« L’entorse de cheville » est un terme presque générique souvent utilisé à tort pour qualifier tous les traumatismes de la cheville ou du pied ne présentant pas de fracture.

Ainsi sont souvent confondues :
• Les entorses du ligament collatéral latéral de la cheville (les plus fréquentes)
• Les entorses du ligament collatéral médial
• Les entorses de la syndesmose tibio-fibulaire
• L’entorse sous-talienne
• Les entorses du médio-pied : Chopart
• Les entorses de l’avant-pied : Lisfranc

Ces entorses peuvent se présenter isolément ou en association les unes avec les autres. Malheureusement cette pathologie est souvent banalisée par le patient voire le soignant or si le traitement n’est pas adapté dès le début la convalescence peut être longue et le risque de séquelle(s) augmente.

Conduite à tenir
Pour guider la prise en charge de ces entorses notamment l’indication de réaliser ou non une radiographie de la cheville et/ou du pied des critères ont été définis et sont utilisés depuis de nombreuses années : les critères d’OTTAWA.
En cas de vive douleur à la palpation des zones décrites, en cas d’impossibilité de faire 4 pas consécutifs sur le pied blessé ou dans tous les cas si vous avez moins de 18 ans ou plus de 55 ans une radiographie est théoriquement indiquée.


Traitement fonctionnel d’une entorse
Ce traitement est le traitement de référence quelle que soit la gravité de celle-ci. Il doit comporter :
Immobilisation semi-rigide de tous les ligaments potentiellement lésés pendant l’entorse par une attelle idéalement un modèle bloquant la cheville ET le médiopied comme par exemple l’attelle NOVACAST
Association avec chaussette de contention dès que les douleurs le permettent.
Protocole POLICE : Protection (attelle), Optimal Loading (remise en charge dès que possible), Ice (Glaçage) Contention, Elevation
Décharge initiale mais reprise d’appui dès que possible en fonction des douleurs
Durée d’immobilisation de 3 à 6 semaines en fonction de la gravité :
KinésithérapieNormalement la kinésithérapie doit être débutée le plus tôt possible :
• Initialement à visée antalgique (physiothérapie, drainage lymphatique)
• Secondairement pour renforcement musculaire et travail proprioceptif

Délais de reprise
En fonction de la gravité et du type d’entorse une reprise de la marche autonome sans douleur et sans attelle se fait entre 3 et 6 semaines.
La reprise d’une activité sportive portée et axée (cyclisme, natation) entre 3 et 6 semaines.
La reprise de la course à pied (il est recommandé de recommencer progressivement sur tapis de course) entre 4 et8 semaines.
Les sports de pivot entre 6 semaines et 3 mois.
Une reprise des activités physiques au même niveau qu’avant l’entorse est à espérer entre 3 et 6 mois.

Séquelles d’entorse

Les principales séquelles possibles sont l’instabilité chronique de la cheville c’est à dire des entorses à répétition, une sensation de fragilité de la cheville notamment sur les terrains instables +/- associée à des douleurs persistantes.
En cas de suspicion de séquelle d’entorse de cheville il faudra consulter un chirurgien spécialiste qui demandera un bilan paraclinique précis en fonction des éléments de son examen clinique (radiographies en charge et en stress, échographie, IRM, Arthroscanner…)
Le traitement médical initial pourra éventuellement être complété par un bilan podologique pour mettre en place des semelles et/ou par une infiltration de dérivés cortisonés ou d’acide hyaluronique réalisée de manière radio ou échoguidée.
En cas de persistance de symptômes malgré un traitement médical optimal un traitement chirurgical peut être proposé. Celui-ci peut comporter plusieurs gestes en fonction du bilan : arthrolyse, réparation ligamentaire, ligamentoplastie, ostéotomie calcanéenne, allongement tendineux…
L’amélioration des techniques chirurgicales tend vers l’utilisation de plus en plus fréquente d’une voie d’abord arthroscopique (mini-invasif à l’aide d’une caméra et de micro-instruments) comme pour la chirurgie des ligaments croisés du genou.
Quelle que soit la technique utilisée et le niveau sportif du patient une entorse de cheville n’est jamais opérée en aiguë, le traitement chirurgical ne s’envisage jamais avant 3 à 6 mois après le traumatisme.

2. INSTABILITE CHRONIQUE DE CHEVILLE

Elle se définit comme un syndrome séquellaire d’entorse(s) de cheville se traduisant cliniquement par une sensation d’instabilité de la cheville plus ou moins associée à une douleur

Définition
Dans tous les cas le patient a présenté une voire plusieurs entorses de la cheville entrainant une ou plusieurs lésion(s) ligamentaire(s).
Environ 20% des entorses peuvent présenter ce type de séquelle au décours du traitement médical.
En effet on ne parlera d’instabilité chronique 3 à 6 mois au décours de la première entorse si ces symptômes persistent malgré un traitement médical bien conduit comportant une immobilisation initiale par attelle ou plâtre et de la kinésithérapie (au moins 15 séances).
Dans certains cas peut également être proposée une infiltration radioguidée de dérivés cortisonés (réalisée par un confrère radiologue ou rhumatologue) en cas de prédominance du symptôme douloureux.
Un bilan podologique avec mise en place de semelles peut être nécessaire en cas de trouble morphostatique du pied.

Bilan d’imagerie
Le bilan paraclinique idéal doit comprendre :
• Des radiographies spécifiques de la cheville en charge et en stress (varus forcé, tiroir antérieur)
• Une imagerie morphologique étudiant les ligaments : échographie, IRM ou arthroscanner.


Traitement Chirurgical

En fonction du bilan clinique, paraclinique et du besoin fonctionnel du patient un traitement chirurgical est possible en cas de résistance au traitement médical bien conduit.
Le traitement chirurgical est de 2 types :
REPARATION ANATOMIQUE (lien intervention) : si bon état ligamentaire, généralement en cas de lésion isolée du faisceau antérieur du ligament collatéral latéral, sans franche laxité de la cheville
LIGAMENTOPLASTIE ANATOMIQUE (lien intervention) (remplacement ligamentaire par un tendon prélevé au niveau de la cuisse par une courte incision au niveau de l’extrémité supéro-médiale du talus) : si deux faisceaux antérieur et moyen atteints, franche laxité
Le caractère anatomique signifie que les ligaments sont réparés selon leur trajet initial ce qui garantit une préservation de la souplesse et de la mobilité articulaire de la cheville.

Traitement arthroscopique
Dans les deux cas le traitement sera réalisé sous ARTHROSCOPIE :
Au travers de courtes incisions de quelques millimètres un arthroscope (caméra) et des instruments sont insérés dans la cheville afin d’effectuer un diagnostic articulaire complet, réparer d’éventuelles lésions associées (arthrose, conflits, lésion ostéochondrale du talus LODA, fissuration des fibulaires…) et enfin réparer ou remplacer les ligaments lésés.
Le but de l’intervention est de soulager et stabiliser la cheville.

Avantages de la technique ARTHROSCOPIQUE :
• Diminution des douleurs, des risques d’infection, des risquesde complication générale, dutemps d’hospitalisation et dela durée de convalescence
• Traitement de la globalité de l’articulation

Risque en cas d’abstinence thérapeutique :
• Persistance des symptômes
• Récidive d’entorse potentiellement plus grave
• Restriction d’activité professionnelle, sportive
• Arthrose

Risques spécifiques du traitement :
• Paresthésies (fourmillements) transitoires dans le territoire du nerf fibulaire superficiel (dos du pied)