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Repérage des fragilités de la personne âgée

Repérage des fragilités de la personne âgée
Sortir des grilles, scores et réseaux habituels avec de nouveaux outils de dépistage précoce.
Dr Alice DABLEMONT

La (pré)fragilité en soins primaires

CONTEXTE
Le vieillissement de
la population française se mesure en chiffres simples: dans les dix prochaines années le nombre des Français, au féminin et au masculin, âgés de 75 à 84 ans, va augmenter de 50 % entre 2020 et 2030, passant de 4,1 millions à 6,1 millions. Par la suite, fort logiquement, dans la décennie suivante, c’est la population des plus de 85 ans qui va connaître une véritable explosion, avec un taux de croissance supérieur même à 50 %. On connaît les deux raisons principales de cette évolution : la natalité est en baisse et la médecine fait de tels progrès que l’espérance de vie ne cesse de progresser.

Dr Hiroshi Nakajima, directeur général de l’OMS: « sans la qualité de la vie, une longévité accrue ne présente guère d’intérêt (…) l’espérance de santé est plus importante que l’espérance de vie ».

En 2021, l’espérance de vie sans incapacité à la naissance atteint 65,6 ans pour les hommes et 67,0 ans pour les femmes.

Définition du concept de fragilité: C'est un syndrome clinique, qui reflète la diminution des réserves physiologiques qui altère les mécanismes d’adaptation au stress.



Trois profils gériatriques identifiés

les personnes “robustes”. Ces personnes peuvent présenter certaines pathologies chroniques (par exemple, hypertension, diabète, maladies vasculaires…) bien contrôlées ou même des antécédents de cancers traités, mais ceux-ci n’affectent pas leur fonction physique et leur qualité de vie. Environ 50 à 60 % des sujets âgés > 65 ans.

les personnes “fragiles” ont perdu leur capacité d’adaptation aux différents événements stressants de la vie. Sont confrontées à un risque élevé de perte d’autonomie.

les personnes “dépendantes “ ont des incapacités pour faire les activités de base de la vie quotidienne. 5 à 10 % de la population.

LA (PRÉ)FRAGILITÉ EN SOINS PRIMAIRES
Un état potentiellement réversible


La Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG) a adopté en 2011 la définition suivante de la fragilité : « La fragilité est un syndrome clinique. Il reflète une diminution des capacités physiologiques de réserve qui altère les mécanismes d’adaptation au stress. Son expression clinique est modulée par les comorbidités et des facteurs psychologiques, sociaux, économiques et comportementaux. Le syndrome de fragilité est un marqueur de risque de mortalité et d’événements péjoratifs, notamment d’incapacités, de chutes, d’hospitalisation et d’entrée en institution. L’âge est un déterminant majeur de fragilité mais n’explique pas à lui seul ce syndrome. La prise en charge des déterminants de la fragilité peut réduire ou retarder ses conséquences. Ainsi, la fragilité s’inscrirait dans un processus potentiellement réversible » (Rolland 2011).



Un repérage le plus précoce possible

Le repérage de la fragilité permet de prédire le risque de perte d’autonomie, de chutes, d’institutionnalisation, de décès et d’hospitalisation dans un délai de 1 à 3 ans. On peut proposer comme champ du repérage des personnes indemnes de maladie grave, sans dépendance avérée, et à l’initiative d’un soignant soupçonnant une fragilité.

Faute d’un outil de repérage uniformément validé et fiable, les professionnels peuvent utiliser un questionnaire dérivé du phénotype de Fried en lui ajoutant une question intégrant les dimensions cognitives, sociales, fonctionnelles, neurosensorielles.

La référence pour diagnostiquer et évaluer la fragilité est la réalisation d’une évaluation gériatrique globale fondée sur le modèle multidimensionnel de l’évaluation gériatrique standardisée (EGS).

Il n’est cependant ni faisable ni pertinent de soumettre un grand nombre de personnes âgées vivant à leur domicile à une EGS, qui est un processus long et requérant des compétences gériatriques auxquelles il n’est pas toujours facile d’accéder en ambulatoire. Cela pose la question d’un outil de repérage simple à utiliser en soins primaires et qui, sans remplacer l’EGS, permette de sélectionner les personnes susceptibles d’en bénéficier.

Le repérage de la fragilité ne doit être envisagé et réalisé que comme la première étape d’une séquence comprenant l’évaluation globale de la personne et la planification d’interventions visant à prévenir la perte d’autonomie, les chutes, l’institutionnalisation et l’hospitalisation.

Les outils de repérage

- Questionnaire élaboré par le Gérontopôle de TOULOUSE


Le questionnaire élaboré par le gérontopôle de Toulouse a été retenu comme pertinent par la SFGG et le Conseil national professionnel de gériatrie (CNPG) pour le repérage de la fragilité en soins primaires.

- La vitesse de marche: mesurer le temps requis pour effectuer 4 mètres à un rythme normal - ralentie si vitesse < 1m/s

- Le SPPB: Short Physical Performance Battery


Mesurer les facteurs de fragilité

- Dépistage d’une fragilité physique: Timed up and go test, équilibre unipodal, handgrip (test de préhension)

- Dépistage d’une fragilité cognitive, du sommeil, de l’humeur : MMS/MiniCog, échelle HAD (Hospital Anxiety and depression scale), échelle de somnolence d’EPWORTH

- Dépistage de la fragilité neurosensorielle : vision de loin/de près, test automatique de reconnaissance des chiffres dans le bruit à l’aide d’une application

- Dépistage des fragilité cardio-métaboliques, nutritionnelles: IMC, circonférence brachiale, du mollet, tour de taille, diagnostiquer une dénutrition , tension artérielle, ECG

- Dépistage de la fragilité sociale: Social frailty Index


La prise en charge des comorbidités et la polymédication = «l’administration de nombreux médicaments de façon simultanée ou l’administration d’un nombre excessif de médicaments» (WHO, 2004).

- Les comorbidités: encadrer leurs prises en charge (pathologie CV ++), pour améliorer les symptômes, diminuer le risque de complications et d’hospitalisations

- Traquer les prescriptions médicamenteuses inappropriées: critères STOPP/START, critères de BEERS


Elaborer un plan de soins de prévention

Ce plan personnalisé de soins comportent des interventions “multi-domaines” de prévention qui peuvent porter sur :
- l’activité physique adaptée et la lutte contre la sédentarité : programme d'activité physique (ex: VIVIFRAIL®), les maisons sport-santé, club de marche
- la nutrition: supplémentation protéino-énergétique, prise en charge des troubles bucco-dentaires, supplémentation vitaminique, prise en charge de la sarcopénie
- la mise en place d’aides sociales, l’adaptation de l’environnement et la mobilisation des liens sociaux.
- la cognition: recherche d’affections causants des symptômes cognitifs = causes réversibles, stimuler notre réserve cognitive : seul ou en groupe
- Prise en charge d’un déficit sensoriel visuel/ auditif
- Psychologique: la pratique de la pleine conscience
- Optimisation de l’ordonnance
- Le suivi des comorbidités

La réalisation de l’évaluation et des interventions en ambulatoire pour une majorité des patients suppose de développer l’offre collective de prévention par les acteurs des soins primaires.
Implication du patient ++ = contrat d’adhésion
Un suivi personnalisé en lien avec le médecin traitant.

CONCLUSION
En 2023, je choisis mon vieillissement:
ROBUSTE


(PRÉ)FRAGILE


DÉPENDANT

Un parcours

Biblio : Livre blanc de la fragilité - 2015