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Prescription de semelles orthopédiques


 

Monsieur Daniel VENNIN

Podologue

10 rue de Puebla

59000 LILLE

 

 

1.Le chaussage du bébé 

 

Pour chaque nourrisson, il faut réaliser un bilan analytique puis global du pied en décharge, en statique puis en dynamique. Nous évaluons le pied du point de vue morphologique et fonctionnel. Le pied se présente sous des formes différentes selon les enfants : petits, courts ou au contraire longilignes avec une amorce de voute plantaire interne.

Pour le bébé aux pieds « sans problèmes » présentant un bon équilibre musculaire, sans anomalies rotationnelles sus jacentes, ni déviations locales, nous donnons les conseils :

 

  • Avant la verticalisation, le choix des chaussons-chaussures se fait sans restriction.

Il est judicieux de laisser le plus souvent possible le bébé pied nu pour qu’il puisse jouer avec et intégrer le schéma morphologique et relationnel de l’unité « pied-jambe-cuisse ».

  • A la mise en charge, la chaussure doit présenter une semelle antidérapante (-1cm), une tige haute et suffisamment souple au niveau de l’articulation tibio- tarsienne pour éviter le déchaussage et respecter l’amplitude en flexion (accroupissements et marche).Une tige trop rigide entraine des compensations qui peuvent être à l’origine de pathologies de la marche. La largeur de l’empeigne doit permettre aux orteils d’être mobiles permettant ainsi aux muscles du pied et des orteils d’agir pour le maintien de l’équilibre ainsi que dans la dynamique de la marche et des sauts. La fermeture par laçage ou velcro permet un bon ajustement de l’ensemble du pied et un bon maintien de la chaussure.

 

Pour le bébé présentant  des métatarsus adductus ou abductus, une prise en charge kinésithérapique sera judicieuse dès la naissance jusqu’à la correction des déformations avec  pose de bottillons correcteurs pendant le sommeil.  Pour le bébé ayant conservé un pied hypotonique avec valgus majeur, malgré la prise en charge kinésithérapique, à la mise en charge la chaussure doit offrir un cambrion rigide, une tige haute, une empeigne large avec hémicoupole interne, des renforts latéraux et un laçage ajusté.

 

2.Troubles statiques de l’enfant : orthèses plantaires ou pas ?

Le jeune enfant

Les mamans consultent auprès de leur médecin traitant ou du pédicure podologue pour des chutes fréquentes ou  pour des plaintes de leur enfant (fatigue, douleur) ou encore une usure anormale des chaussures. Ces signes cliniques nécessitent un suivi pour rassurer les mères mais surtout pour surveiller l’évolution clinique  des troubles statiques. Entre 2 ans et 4 ans nous évitons l’appareillage, d’une part parce qu’une partie de ces troubles statiques vont évoluer favorablement, d’autre part parce que la phase de myélinisation étant déjà bien avancée, les mouvements de la marche deviennent plus précis.

Si des troubles importants persistent, l’appareillage peut se réaliser vers 4 ou 5 ans mais il faut résister à la pression psychologique des parents pour des troubles mineurs.

Pour des troubles statiques résiduels après malformations ou malpositions du pied, si un traitement est décidé, nous utiliserons des éléments correcteurs de faible hauteur selon le bilan clinique. Si la réponse proprioceptive est positive, nous préférons mettre des éléments de stimulation. Avec ces précautions, nous respectons le développement du schéma de marche de l’enfant et du futur adulte.

 

L’enfant sportif

Pour l’enfant sportif, les tractions répétitives du tendon calcanéen sur la tubérosité du calcanéus entrainent parfois des osteochondrites nécessitant de mettre le pied au repos partiellement ou totalement. La maladie de Sever ou talalgie nécessite le port d’une talonnette en cuvette réalisée en mousse ou en matériau viscoélastique avec un soutien sous naviculaire pour soulager la zone qui subit les tractions du muscle jambier postérieur.

Pour l’enfant, la semelle est toujours entière.

 

Orthèse plantaire de compensation pour inégalité de longueur des membres inférieurs

Le médecin traitant ou le médecin scolaire peut constater un trouble de l’assise du bassin objectivé à la radiographie. Si l’inégalité est minime (quelques millimètres) et sans incidence sur le rachis, il n’est pas nécessaire d’appareiller.

Pour les inégalités au-delà de 10mm entrainant une bascule du plateau sacré et une inflexion latérale compensatrice du bassin, il faut rechercher une étiologie précise (fracture diaphysaire fémorale, traumatisme du cartilage épiphysaire).

Si une compensation est envisagée, l’enfant devra être suivi régulièrement car les inégalités peuvent évoluer. La relation médecin, pédicure podologue est très importante pour ce suivi.

 

Pied plat de l’enfant hypotonique

 

Pour l’enfant porteur de pieds plats réductibles éversés, le cinquième rayon ne touche pas le sol lors de la marche. Une prise en charge rééducative visant à tonifier et équilibrer les muscles des membres inférieurs et du pied et à corriger les déviations axiales de la jambe (genu valgum) est recommandée. Une orthèse plantaire corrigeant dans le même sens les déviations axiales du genu valgum peut être instauré pour appuyer la rééducation.

 

Pied creux de l’enfant hypertonique

 

Selon le bilan clinique et le type de pied creux, nous choisissons les éléments, leur hauteur et des matériaux différents :

·         Dans le cas du pied creux souple, la barre rétrocapitale et celle antero-capitale freinent les rétractions, le coin pronateur postérieur évite le varus de l’arrière pied

·         Dans le cas  du pied creux irréductible, nous agissons sur les métatarsalgies d’appuis. Pour le pied rond antérieur, la barre rétrocapitale et les éléments sous capitaux en regard des 1er et 5ème articulations métatarsiennes avec la pelotte retrocapitale médiane répartissent les appuis

·         Dans le cas du pied creux antérieur, la barre retrocapitale avec des éléments sous capitaux en regard des 2ème, 3ème, 4ème têtes des métatarses répartissent les appuis. En cas d’appui très marqué sur la 1ère tête, une hémi coupole interne de décharge complète l’ensemble. En cas d’hyperappui sous le 5ème métatarsien, la barre retrocapitale est couplée avec un coin pronateur et des éléments sous capitaux en regard des 2ème, 3ème, 4ème têtes métatarsiennes

·         Dans le cas du pied creux instable, un élément sous cuboïde est mis en place pour freiner l’inversion tandis que l’hémi-coupole interne en mousse augmente le polygone de sustentation. En cas de varus de l’arrière pied s’ajoute un coin pronateur.

 

Affections générales ayant une répercussion sur le pied

 

De nombreuses affections rhumatologiques (arthrite chronique juvénile) ou neurologiques (spina bifida, infirmités motrices cérébrales) touchent le pied dans sa croissance, dans sa motricité et dans sa fonction. C’est le travail interdisciplinaire des équipes médicales et paramédicales qui permettent une prise en charge adaptée et le suivi de ces patients tout au long de leur parcours de soins.

 

3.Les orthèses plantaires pour l’adulte

Le pied du sportif

 

Le pied du sportif est concerné par des pathologies cutanées et osteo-ligamentaires qui lui sont plus spécifiques. Parmi les pathologies ligamentaires et tendineuses, nous rencontrons les achilléites, les entorses de cheville et leurs complications, les talalgies plantaires (qui sont le plus souvent des tendinopathies d’insertion), les tendinopathies des stabilisateurs latéraux. Les atteintes osseuses concernent aussi le pied du sportif dans la maladie de Sever, l’exostose sous unguéale, la périostite tibiale, les fractures de fatigue.

L’orthèse plantaire de décharge par thermomoulage est un appoint aux traitements anti –inflammatoires.

Les bases en résine épaisse toilée sont recommandées pour éviter les remontées du cuir de base au niveau du talon quand la semelle ne comporte pas d’éléments postérieurs.

 

Les troubles statiques de l’adulte

 

Une grande majorité des troubles statiques de l’adulte sont bien tolérés et ne demandent pas à être appareillés. Nous ne tiendrons compte que des troubles statiques engendrant des troubles fonctionnels  comme des douleurs articulaires, une marche pénible voire douloureuse.

Nous distinguons les déformations réductibles qui réclament des éléments correcteurs. Les déformations irréductibles bénéficient des progrès considérables qu’offrent les matériaux utilisés en podologie sportive.

Le pied de l’adulte est tributaire comme celui de l’enfant d’affections générales. Nous distinguons les affections rhumatologiques, neurologiques, métaboliques et leur caractère évolutif (polyarthrite rhumatoïde, affection neurologique dégénérative) ou stabilisé et non évolutif (poliomyélite).

 

Le pied plat

Le pied plat de l’adulte, d’origine essentielle (congénital ou primitif de l’adulte (ménopause) ou le pied plat secondaire (adaptation à un défaut architectural, post-traumatique, neurologique (paralytique) ou inflammatoire (PR) se caractérise par un valgus calcanéen, une défaillance de l’arche interne (une diminution voir une disparition de la coupole interne par chute astragalo-scaphoïdienne).

Les conséquences staturales :

Nous observons une translation interne du centre de gravité du pied surchargeant la colonne interne. Le vrillage du pied consiste en une déformation tridimensionnelle (l’astragale plonge en bas, tourne en rotation interne entrainant le membre inferieur et la colonne interne ; le calcanéum s’horizontalise, tourne en rotation externe entrainant le bloc pédieux ; l’éventail métatarsien s’élargit et la supination relative de l’avant pied compense la pronation talonnière.

Il existe 3 d° de pied plat :

  • l’élargissement de la bande d’appui isthmique (1er d°)
  • la rectitude du  bord interne de l’isthme (2ème d°) 
  • la convexité du bord interne de l’isthme (3ème d°)

 

L’étude de la chaussure révèle une usure interne du talon lié au valgus, avec un affaissement des contreforts et une déviation de la semelle vers l’intérieur.

Le pied plat contracturé se manifeste par une contracture douloureuse des péroniers latéraux et un blocage du pied (souvent du à une synostose du tarse, ou astragalo-calcanéenne ou calcanéo-scaphoïdienne).

Le pied plat arthrosique se traduit par des douleurs au regard de la médio tarsienne ou de la sous astragalienne.

Le traitement conservateur repose sur des conseils de chaussage : chaussure à talon large de 3cm de hauteur avec un solide contrefort.

La semelle orthopédique est composée d’une hémi coupole interne associée en cas de valgus de l’arrière pied à une cuvette talonnière supinatrice.

 

Le pied creux

Le pied creux est caractérisé par une exagération de la concavité d’une ou des deux arches longitudinales et une chute en flexion plantaire de l’avant pied sur l’arrière pied plus ou moins réductible.

 

Sa classification est fonction de la prédominance de la verticalisation

  • Pied creux antérieur (abaissement du pilier antérieur associé à une horizontalisation secondaire de l’astragale et une déformation en coin du scaphoïde
  • Pied creux postérieur par abaissement du pilier calcanéen en talus
  • Pied creux mixte

 

En fonction de l’étiologie

  • Pied creux essentiel (neuropathies périphériques et causes centrales)
  • Pied creux par hypertrophie (certaines activités physiques)
  • Pied creux secondaire (neurologique, post-traumatique, rhumatismal).

 

Nous observons au podoscope :

  • Precavus,
  • pied creux de stade 1 (étranglement de la bande  d’appui de l’isthme)
  • pied au stade 2 (absence de continuité de la bande d’appui de l’isthme)
  • pied creux au stade 3 (absence des attaches de la bande d’appui de l’isthme).

 

Le pied creux est fréquent chez les femmes de race blanche. Souvent sans problème fonctionnel au début, il décompense avec le temps présentant des talalgies, des métatarsalgies, des griffes des orteils et des conflits avec les chaussures.

La chaussure présente un bord externe usé, varisé, avec une déformation vers l’extérieur. L’élément essentiel des orthèses dans le pied creux est la barre retro capitale dont les effets sont multiples : aide à la propulsion digitale, stabilisation de l’avant pied, augmentation des surfaces d’appui, diminution de l’angle d’attaque des métatarsiens par rapport au sol, mise en décharge des têtes  métatarsiennes médianes.la présence d’ailerons latéraux limite la surcharge des têtes extrêmes. Cette barre retrocapitale est donc constituée d’un renflement médian et d’ailerons latéraux.

 

La pathologie douloureuse de l’avant pied

 

Très fréquente chez la femme, son origine est d’abord mécanique ; ce sont des métatarsalgies statiques. Il faut cependant ne pas négliger d’autres étiologies : inflammatoire, artériopathique, neurologique (polynévrite, canal tarsien, canal intertarsien), infectieuse ou tumoral.

 

D’un point de vue biomécanique il y a nécessité d’un équilibre dans la charge de travail des métas :

  • sur le plan statique les contraintes  sont liées à l’alignement vertical des métas (angle méta-sol) et à l’alignement horizontal (courbe de Lelièvre)
  • l’équilibre de travail métas-orteils est nécessaire
  • l’adaptation de l’avant pied au sol nécessite la mobilité des métas extrêmes, la trophicité des ligaments et des muscles de l’avant pied, l’intégrité des articulations métatarsophalengiennnes et de l’appareil sésamoïdien
  • l’interdépendance de l’avant pied et de l’arrière pied

 

Première victime : la peau plantaire

Le durillon est le reflet de la surcharge en regard.

Les principales pathologies

  • par insuffisance du premier rayon sont
    • une surcharge des rayons médians,
    • un avant pied plat,
    • un hallux valgus
  • par surcharge du premier rayon est
    • l’hallux rigidus
  • liées au pied creux avec 
    • soit une surcharge globale
    • soit une surcharge des métas extrêmes (avant pied creux)

 

En cas de pathologies évolutives, l’appareillage doit d’adapter à cette évolution. Même précoce, les orthèses n’arrivent pas à enrayer l’évolution et il faut souvent se contenter d’un soulagement provisoire remis en cause à chaque phase de l’évolution des troubles statiques.