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Les troubles du sommeil et leurs conséquences


 

L’hygiène du sommeil, les prises en charge non médicamenteuses


Docteur Isabelle  POIROT

Praticien hospitalier, unités de sommeil, clinique de La Charité, service du Professeur GOUDEMAND (Unité Insomnies et troubles psychopathologiques associés), clinique de Neurophysiologie clinique, service du Professeur DERAMBURE, CHRU de Lille

 

Les troubles du sommeil, l’insomnie notamment, sont un problème de santé fréquent dans la population (jusque 30% de la population dans les sociétés occidentales).

L’insomnie, à laquelle nous sommes confrontés le plus souvent est chronique et parfois sévère. L’insomnie entraîne souvent une baisse d’efficacité et du rendement de l’individu, dans les tous les domaines de vie (professionnels, familiaux, sociaux….). Au niveau national, le coût direct de l’insomnie chronique est estimé à 1,55 Milliard d’euros par an. Les coûts indirects n’ont pas fait l’objet d’études particulières mais les études épidémiologiques montrent qu’absentéisme, arrêts de travail, accidents sont deux fois plus fréquents chez les insomniaques.

 

L’insomnie est le plus souvent prise en charge par les médecins généralistes, et les traitements proposés sont souvent des hypnotiques, contribuant ainsi à la consommation excessive  de traitements psychotropes et plaçant la France au premier rang des pays européens.

 

Les connaissances concernant la psychopathologie de l’insomnie ont permis l’émergence d’alternatives intéressantes aux traitements hypnotiques communément utilisés, notamment grâce aux travaux de C Morin. Ces méthodes sont pour certaines applicables dans une certaine mesure, en médecine générale, particulièrement les méthodes comportementales (restriction de sommeil, hygiène veille-sommeil…).

 

Associé à une démarche diagnostique précise et le traitement spécifique de la cause initiale de l’insomnie, le traitement comportemental peut constituer une alternative intéressante à la prise en charge de l’insomnie chronique. La prise en charge des troubles du sommeil nécessite une consultation dédiée à ce seul problème, en s’aidant de l’étude du calendrier de sommeil rempli 15 jours avant la consultation (sans calendrier de sommeil, pas de compréhension possible des troubles !) En premier lieu, il est important de corriger l’hygiène de sommeil du patient : environnement propice au sommeil, horaires de coucher et de lever réguliers, adaptés au temps de sommeil propre à l’individu, alimentation équilibrée, activité sportive régulière, limitation des « stress »…. Si seule la correction de l’hygiène de sommeil est insuffisante, la restriction de sommeil peut être utilisée, à condition de bien expliquer les enjeux au patient : réduction du temps passé au lit adapté au temps de sommeil réalisé habituellement par le patient insomniaque. S’y associe une autre méthode comportementale : le contrôle du stimulus. Cette méthode veille à ce que le patient insomniaque exclut toute activité éveillante (comportements et ruminations) lorsqu’il est au lit ou dans sa chambre.

Les traitements hypnotiques quant à eux, sont rarement intéressants sur le plan pharmacologique. Au long cours, la plupart du temps,  ils sont délétères sur la structure même du sommeil. Ils ne peuvent, en aucun cas, constituer une prise en charge à long terme. Certains traitements hypnotiques peuvent s’avérer néanmoins une aide intéressante soit ponctuellement soit de courte durée. Mais, « les hypnotiques, c’est pas automatique ».

En cas d’échec, il est nécessaire de reconsidérer le diagnostic, d’éliminer d’autres troubles du sommeil et développer la prise en charge par une thérapie, cette fois, cognitivo-comportementale, individuelle, ou en groupe, en milieu spécialisé.

Les études ont montré depuis quelques années maintenant l’intérêt de ce type de prise en charge. La difficulté est très certainement de les mettre en pratique.

 

 

 

Hygiène veille-sommeil :

 

  • Chambre calme, silencieuse, dans l’obscurité.
  • Ne pas regarder la télévision dans la chambre, ni écouter la radio ou de la musique.
  • Eviter de lire trop longtemps dans son lit.
  • La température de la chambre doit être fraîche.
  • La chambre doit être aérée régulièrement.
  • Faire du sport, plutôt le matin.
  • Avoir une alimentation équilibrée.
  • Eviter les excitants en fin d’après-midi (café, thé, chocolat, coca cola, cigarettes…)
  • Eviter l’alcool.
  • Pas d’activité trop éveillante le soir.
  • Pas de « stress » dans la soirée.
  • Se coucher et se lever tous les jours à la même heure (même le week-end et pendant les vacances)
  • Eviter les siestes prolongées (la sieste doit durer moins de 30 minutes)