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Découverte d'une ou plusieurs adénopathies cervicales.

Tuméfactions cervicales de l’adulte.

Dr E.Bartaire, ORL, Dr N.Baclet, infectiologie, Dr L.Pascal, hématologie

Hôpital Saint-Vincent de Paul, Lille

 

Les tuméfactions cervicales de l’adulte recouvrent des pathologies très variées et très variables dans leur gravité. L’orientation diagnostique est un enjeu majeur et souvent difficile. Les adénomégalies sont les plus fréquentes et parmi elles les pathologies inflammatoires bénignes  suivies des lymphomes, mais les pathologies en rapport avec les tumeurs solides sont plus fréquentes quand l’âge augmente1. L’interrogatoire recherche tout d’abord particulièrement les antécédents addictologiques, de maladies de système, de néoplasie et le statut vaccinal. L’interrogatoire recherchera en particuliers la durée d’évolution, les circonstances d’apparition, le métier, les voyages récents, les toxicomanies, les rapports sexuels à risque, une altération de l’état général, des sueurs nocturnes, les signes ORL associés, les histoires dentaires… L’examen physique doit être complet mais nécessite un examen ORL et pulmonaire attentif (l’examen buccal peut être très contributif!), la palpation cervicale précise les caractéristiques des tuméfactions et recherche des adénopathies dans les autres territoires ganglionnaires.

Lorsque la tuméfaction correspond à une adénopathie manifestement métastatique, un examen ORL et une panendoscopie associée à une tomodensitométrie doivent être réalisés, dans le cas d’une adénopathie non suspecte d’une métastase de tumeur solide, les examen inflammatoires (NFS, VS, CRP), l’IDR éventuellement et la radiographie du thorax guident vers une pathologie hématologique ou orientent vers des sérologies(VIH, EBV, CMV, VDRL, TPHA, toxoplasmose…), ce bilan peut aboutir à une exploration ganglionnaire cervicale avec examen ex temporane2.

L’échographie peut être utile à certains diagnostics (indiscutable pour la thyroïde, très opérateur-dépendant pour les critères de cancérologie)3 et permet de guider les cytoponctions éventuelles4–7. La tomodensitométrie permet le diagnostic différentiel des adénopathies, permet d’évaluer l’évolution loco-régionale des tumeurs et permet de localiser les adénopathies, notamment en cas d’exploration chirurgicale8. L’IRM est l’examen de référence pour les glandes salivaires et est utile pour les diagnostic différentiels des adénopathies9,10. La TEP a un intérêt dans les pathologies cancéreuses11 et le suivi des mycobactéries12.

L’adénectomie diagnostique doit s’accompagner au moindre doute d’examen ex temporane pour pouvoir convertir en évidement ganglionnaire13–15. Elle permet parfois d’apporter la confirmation diagnostique, notamment en cas de lymphomes et apporte parfois le germe (ex tuberculose).

D’un point de vue nosologique, on pourra distinguer :

- les fausses tuméfactions cervicales

  • bulbe carotidien
  • os hyoïde
  • atlas
  • côtes cervicales

- les tuméfactions cervicales médianes

  • kystes du tractus thyréoglosse
  • kystes dermoïdes
  • lésions du corps de la thyroïde
  • lésions laryngées

- les tuméfactions cervicales latérales :

  • kystes et fistules : origine branchiale, laryngocèle et diverticule de Zencker
  • origine salivaire : tumeurs, lithiases, sialites et sialoses
  • tumeurs : neurinomes, lipomes
  • origine vasculaire: anévrysmes, paragangliomes
  • pathologies thyroïdiennes : nodules, goîtres, tumeurs
  • adénopathies

      métastatiques : VADS, cutanés, thyroïdiens, Troisier...

      lymphomes : hodgkininens, non hodgkininens T ou B...

      infectieuses : elles sont multiples et de présentations parfois très différentes : toxoplasmose, MNI et EBV sont les plus fréquentes, puis viennent le VIH et la tuberculose (et mycobactéries atypiques), dans les causes plus rares ont notera la maladie des griffes du chat ou de Lyme, la syphillis, la maladie de Nicolas Favre puis la tularémie, la leptospirose ou la rubéole2. On n’oubliera pas les adénopathies réactionnelles aiguës aux foyers infectieux ORL et dentaires pouvant conduire à des adénophlegmons et des infections des tissus mous.

      Inflammatoires et auto-immunes : sarcoïdose, polyarthrite rhumatoïde, lupus, maladie de Still ou de Castelman, de Kimura, syndrome de Kikuchi…

 

L’orientation diagnostique des tuméfactions cervicales dépend d’indices parfois discrets. En cas d’absence d’éléments d’orientation, la prise en charge multidisciplinaire, notamment ORL, infectiologique et hématologique nous paraît indispensable.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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